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Accord de coopération Eumetsat/Météo-France : bienvenue dans la CDOP3


Accord de coopération Eumetsat/Météo-France : bienvenue dans la CDOP3

Signature des accords Eumetsat / institut directeur le 6 décembre 2016 à Darmstadt, Allemagne.


Publié le 25/04/2017 à 10h50 (heure de Paris)

Les huit consortiums en charge des SAF (Satellite Application Facilities, Centres d’Applications Satellitaires) d’Eumetsat se sont engagés le 1er mars 2017 dans la troisième phase continue d’exploitation et de développement, la CDOP 3, qui couvrira la période 2017 – 2022. Les Centres d’Applications Satellitaires mis en place par le conseil d’Eumetsat en novembre 1992 sont des éléments du segment sol des différents programmes d’Eumetsat qui contribuent au développement et au traitement des produits satellitaires de niveau 2 et plus, soit directement, soit par la mise à disposition de logiciels.
Météo-France est impliqué dans cinq SAF en tant que membre du consortium (SAF NWP, NWC, H, LSA) ou en tant que pilote (SAF OSI). Voici un bref bilan de la CDOP-2 et les perspectives de la CDOP-3 pour chacuns d’eux.

- le SAF NWP, Prévision Numérique du Temps qui a pour objet le développement et la maintenance d’outils logiciels nécessaires à l’assimilation des données satellites en PNT.
Les avancées majeures du SAF NWP durant la phase CDOP-2 sont principalement liées à la capacité de pré-traitement des données des satellites S-NPP et FY-3, l'amélioration de l'outil de transfert radiatif RTTOV en l'étendant au domaine visible et une meilleure simulation de la diffusion par les nuages et aérosols. La CDOP-2 a également permis la mise en œuvre de systèmes d'auto-alerte et l'augmentation importante du nombre des instruments pour le monitoring des observations satellitaires. On retiendra enfin la tenue de formations et ateliers spécialisés à l'utilisation des données satellitaires pour la prévision numérique. Au 31 décembre 2016 le package logiciel AAPP de pré-traitements a été délivré à 447 utilisateurs et le logiciel de transfert radiatif à 1047 utilisateurs.
La CDOP 3 permettra, entre autres, les évolutions du modèle de transfert radiatif RTTOV nécessaires pour prendre en compte les nouveaux instruments, et l’amélioration du suivi opérationnel de la qualité des observations satellite.

- le SAF NWC, Prévision Immédiate et à très court terme qui a pour objet le développement de logiciels pour l'élaboration de produits utiles à la prévision immédiate (classification nuageuse, RDT…) et dont l’activité à Météo-France est partagée entre DIROP/CMS et DIROP/PI.
Durant la CDOP-2, la principale réalisation du NWCSAF est le developpement et la livraison aux utilisateurs d'une version totalement refondue du logiciel de traitement des satellites géostationnaires.
De nouveaux produits sont proposés, en particulier la microphysique des nuages et la détection de l'initiation de la convection. Le traitement de l'ensemble des satellites géostationnaires (permettant une couverture mondiale (hors pôles)) est désormais possible de façon native, l'adaptation à MTG-I (lancement en 2021) en sera grandement facilitée. 132 utilisateurs étaient enregistrés en Aout 2016, soit une augmentation de 37% lors de la CDOP2.
La CDOP 3 se concentrera sur les évolutions des produits et des logiciels prenant en compte l'arrivée des satellites géostationnaires de nouvelle génération, en particulier MTG.

- le SAF OSI, Océans et Glaces de Mer qui a pour objet la production et la mise à disposition de produits d’océanographie opérationnelle : température de surface de la mer, vent à la surface des océans, glace de mer, flux radiatifs et pour lequel Météo-France est l’institut directeur.
Un grand nombre de produits déjà produits en opérationnel précédemment ont été améliorés en cours de CDOP-2 avec, à chaque mise à jour, un processus de validation du nouvel algorithme et des produits finaux. De nouveaux produits quasi temps-réel ont vu le jour : vent à la surface des océans à partir de Rapidscat sur l'ISS, température de surface de la mer avec IASI… En plus des produits quasi temps-réel, le SAF OSI a étendu son offre de produits retraités pour constituer des longues séries de données pour les études sur le climat : concentration de glace de mer, vent à la surface des océans, température de surface de la mer. La comparaison régulière des produits satellites du SAF OSI avec les données in situ permettent une évaluation continue de ces produits et leur ajustement si nécessaire. De plus, les échanges entre les équipes de SAF OSI et les utilisateurs des produits ont souvent été très fructueux pour analyser et améliorer les produits.
La CDOP 3 poursuivra l’engagement de l’amélioration de la production en temps réel en prenant en compte les satellites de nouvelle génération (en particulier MTG et METOP-SG), et du lien avec les utilisateurs.

- le SAF H, Hydrologie qui élabore des produits satellites répondant aux besoins de l’hydrologie opérationnelle sur les précipitations, l’humidité des sols et la couverture neigeuse et pour lequel le CNRM contribue par des activités de validation des produits d’humidité des sols.
Les données d'humidité du sol mesurées dans 21 stations du réseau automatique de Météo-France (réseau SMOSMANIA, transect Atlantique/Méditérannée) sont régulièrement fournies aux partenaires du H-SAF pour la validation des produits d'humidité superficielle du sol dérivés des observations ASCAT. Le CNRM a fourni un rapport annuel de comparaisons observations insitu et produits satellitaires. La CDOP-2 a également été le cadre d'une action de transfert de la maintenance et de l'archivage des données SMOSMANIA (désormais disponibles dans CLIMSOL) vers les services opérationnels (DSO, DCSC, DSI). Ces données ont également été fournies à la NASA pour les opérations de calibration/validation de la mission SMAP et mises à disposition des chercheurs avec une mise à jour annuelle  sur la base de données ISMN (https://ismn.geo.tuwien.ac.at/).
Enfin, des recherches ont été menées afin d'évaluer la qualité des produits satellitaire à l'aide d'un système d'assimilation de données.
La CDOP 3 permettra l’amélioration de la qualité et la couverture des produits existants afin de préciser les zones à risques.

- le SAF LSA, Analyse des terres émergées qui a pour objet la production opérationnelle de plusieurs paramètres d’état des surfaces continentales : flux radiatifs, évapotranspiration, indice de végétation, feux de forêt et pour lequel le CNRM développe des algorithmes concernant le rayonnement solaire incident et l’albédo de surface. La phase CDOP2 du LSA-SAF aura permis au CNRM d’améliorer la production régulière de la cartographie des flux radiatifs au dessus des surfaces continentales. Les données du satellite MSG (Meteosat Second Generation) auront servi à alimenter les continents Europe et Afrique en rayonnement incident descendant et en albédo de surface sur des échelles horaires à journalières. La couverture globale est maintenant assurée grâce aux données du satellite EPS (EUMETSAT Polar System) mais seulement à une échelle décadaire et pour l’albédo de surface (https://landsaf.ipma.pt/). Une dizaine de produits radiatifs et biophysiques permettent aujourd’hui de mieux caractériser et suivre en temps réel les surfaces continentales dans des formats de distribution et avec des précisions qui répondent bien aux besoins des utilisateurs.
La CDOP 3 propose d’assurer la continuité de la production opérationnelle actuelle et de se préparer à l’arrivée de nouveaux satellites.


L’importance stratégique des SAF est régulièrement rappelée par Eumetsat, car ils permettent une utilisation optimale des infrastructures et ressources disponibles dans les États Membres, une capitalisation de l’expertise scientifique et des interactions plus nombreuses entre experts.

La CDOP 3 s’ouvre avec l’accueil de satellites météorologiques de nouvelle génération tels que GOES-R et la poursuite de la préparation de l’arrivée des constellations MTG (géostationnaires) et METOP-SG (défilants) d'EUMETSAT. Ces programmes placeront l’Europe en pointe pour les observations météorologiques en assurant une amélioration des résolutions spatiales, temporelles et radiométriques, ainsi que des innovations majeures comme l'imageur d'éclairs (LI) ou le sondeur infra-rouge hyper-spectral (IRS) de MTG.
(déjà dit en introduction ; de plus le CNRM aussi, si on va dans ce sens, fait partie du segment-sol d'EUMETSAT)

Le principe de financement des SAF est celui du co-financement Eumetsat / Services Météorologiques Nationaux, la part maximale de financement par Eumetsat est de 75%.. En pratique, pour la SAF OSI, par exemple, le taux de financement pour Météo-France est de 72 %. Ainsi, les propositions CDOP 3 des cinq SAF dans lesquels Météo-France est engagé représentent un effort de 614 hommes.mois sur 5 ans et un financement d’Eumetsat de près de 5,5 M euros.
Chaque SAF donne lieu à un accord contractuel entre Eumetsat et l’entité directrice, qui s’engage de son côté à signer des « sous-contrats » avec les membres du consortium.
Les accords Eumetsat / institut directeur ont été signés lors du Conseil d’Eumetsat de décembre 2016.
Madame Anne Debar, Directeur Général Adjoint de Météo-France et Monsieur Alain Ratier, Directeur général d'Eumetsat, ont ainsi signé le troisième accord de coopération de développement continu et d’opérations (CDOP 3) du SAF Océans et glaces de mer le 6 décembre 2016 à Darmstadt, Allemagne.


Bon démarrage aux membres des équipes projet des SAF, équipes dans lesquelles la capitalisation de l’expertise est essentielle et qui demande une continuité sans faille.

La description des 8 SAF (centres d'applications satellitaires) d'EUMETSAT